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CHRONIQUES DE VOYAGE... 

Chronique de voyage n° 012 - Lima (Pérou),  le mercredi 27 février 2002.
Chronique de voyage n° 013 - Lima (Pérou),  le vendredi 1er   mars 2002.

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Chronique de voyage n° 012 - Lima (Pérou), le mercredi 27 février 2002

Lima (Pérou), le mercredi 27 février 2002.

 

Dimanche matin, je vois que des combats entre guérilleros et paramilitaires ont fait trente morts en Colombie. Les sabotages s'y succèdent tous le jours : ponts, pylônes électriques, bâtiments publics ; il y aurait aussi du fuel dans une réserve d'eau potable : accident ou terrorisme ?

 

Le Président de l'Equateur a des difficultés avec 2 provinces où il veut faire passer ses troupes et proclamer l'Etat d'urgence : ce sont des régions amazoniennes. Les indigènes s'opposent à la politique du gouvernement et barrent routes et ponts. A l'inverse, en Colombie, les transporteurs, devant la situation, ont arrêté leur grève.

 

Aéroport, avion, nuages, nuages, circulez il n'y a rien à voir. Transit à Guyaquil, ville d'Equateur : c'est la première fois que vois le Pacifique. Cette ville est un grand centre agricole : riziculture partout. Il faut dire que le riz est à tous les repas. On repart et renuages pendant 2 heures.

 

On arrive sur Lima ; je vois beaucoup de zones désertiques, une longue plage, des usines et une raffinerie. La ville et plus loin, de hautes collines, puis des montages, les Andes.

 

Le taxi de l'université m'attend. On discute. La ville fait 12 millions d'habitants, sur 25 millions dans le pays. C'est monstrueux. Elle me rappelle, en la traversant rapidement, le laisser-aller de Caracas ; le chauffeur me parle de l'ex-Président Fujimori, chassé pour corruption : il est au Japon aujourd'hui (il faut savoir qu'il y a une forte colonie d'origine japonaise, qui ne date pas d'aujourd'hui mais des années 20, m'a-t-on dit). Le chauffeur affirme qu'il avait brisé la guérilla du Sentier Lumineux et il lui en est reconnaissant. Il ajoute que le Président d'aujourd'hui, au pouvoir depuis 6 mois, comptabilise déjà 70% de mécontents. Il fait surtout la fiesta et quand, par exemple, il va au restaurant, il déclare qu'il est le Président, et il s'en va sans payer !

 

Une nouvelle guérilla serait en train de naître ici dans les montagnes. Et la ville de Lima, me raconte le chauffeur, est un peu craignos ; il me signale déjà les quartiers où il ne faut pas aller, dont l'un qui s'appelle "Chicago chicos" ! Il me raconte même qu'une compagnie de taxis a été montée pour passer dans ce quartier et faire ainsi dépouiller les clients ! L'arrivée commence bien !

 

Je suis logée chez une collègue de la directrice de l'Ecole de Travail Social : au 2ème étage, avec terrasse. Ici il me paraît qu'il fait chaud, au moins 25°. C'est un quartier résidentiel, mais un autre plus huppé s'est installé ailleurs, la Molina.

 

Le lundi, je pars en taxi à l'Université, qui est très loin. Ici je vois l'intelligence stratégique au travail chez les conducteurs de taxi : regards devant, derrière et sur les côtés, je m'incruste, je pousse, je me faufile, je te prends la file ou ta place, à droite et à gauche, et de nouveau à droite, j'ai le stop glissant, le feu rouge cramoisi mais je passe, j'anticipe, j'empêche de passer, j'occupe 2 files et je klaxonne toujours, attention j'arrive. Gillet serre les fesses et il se ratatine. Déjà qu'il fait chaud et qu'il sue à grosses gouttes !

 

J'arrive à l'Université catholique et je rencontre la directrice, très sympathique. Ils ont une formation en animation socio-culturelle, en cours d'emploi après le diplôme de base et qui s'oriente vers tourisme, sport, temps libre et participation communautaire.

 

2 contacts que j'avais sont en vacances : je laisse des messages et mon site.

 

Je vais dans la vieille ville et me balade sur la Plaza Mayor, avec le palais présidentiel, l'archevêché, la cathédrale et la mairie. Place plus grande qu'à Quito, mais le même principe. Sauf que la ville est déclarée patrimoine mondial par l'Unesco. Il reste des maisons de style colonial hispanique magnifiques, en nombre important, avec des balcons en bois qui dépassent sur la rue et complètement fermés par des grillages en bois et quelques fenêtres. Beaucoup sont en mauvais état. Dès qu'on sort un peu de ce centre, c'est le laisser-aller. Je vais le long d'un quartier que l'Office du Tourisme m'a conseillé de ne pas fréquenter. Il y a un immeuble de 8 étages sur au moins 50 mètres de long qui ressemble à un bâtiment après un bombardement : des vitres sont brisées, des appartements à vendre et, à côté, du linge pendouille aux fenêtres. Je veux visiter deux églises : elles sont fermées. Je passe devant une statue à la mémoire de Pizarro, fondateur de la ville, mais en même temps grand pourfendeur d'indigènes ! Je visite la cathédrale, idem, grand hommage à l'homme à la rapière, qui accompagne les hommes au goupillon pour civiliser les sauvages ! La cathédrale est sobre ; par contre, les chapelles adjacentes sont couvertes d'or, de tableaux, de statues de marbre, de colonnes torsadées et d'autels, bien sûr.

 

Le musée est intéressant, avec un enfer encore particulièrement gratiné avec des diables aux queues fourchues, aux oreilles pointues, aux trognes de veaux ou de cochon, qui viennent chercher les pêcheurs en les attrapant par le cou, les cuisses ou la chevelure, et les poussent vers l'enfer en contrebas.

 

Après avoir mangé pour 10F (j'ai vu une chose étonnante : j'ai bu un jus à base de fruit qui était dans une carafe remplie directement à la main dans une grande poubelle), je pars vers le musée de l'inquisition : fermé, car ils tournent un film.

 

La presse signale l'enlèvement d'Isabel Bettencourt en Colombie et affirme la renaissance du Sentier Lumineux avec l'aide du narco-trafic. Je vois beaucoup de policiers dans le vieux centre et des voitures blindées : il y a une manif de retraités qui ne voient plus venir leurs pensions ?

 

Je passe à pied sur l'avenue Avancay. C'est un vacarme foudroyant ; chacun veut te vendre quelque chose en hurlant, en tapant sur un bidon ou une vitre qui protège de la nourriture, ou bien ce sont les racoleurs des bus qui te suivent tout le long du trottoir et qui hurlent la direction ou te sollicitent, ou bien c'est le taxi qui klaxonne pour te faire monter. Au bout d'une demi-heure de ce régime, je suis chaos debout. Je comprends la fourmilière et ici encore, des magasins partout, des échoppes avec de tout. Dans une rue de 300 mètres, je ne vois que des marchands de lunettes : comment peuvent-ils vivre ainsi, côte à côte, surtout que les péruviens ne portent pas spécialement de lunettes, et qu'en plus, ils sont jeunes. Il y a bien sûr aussi des magasins huppés, des mac-do, des rôtisseries ou on fait cuire 30 poulets à la fois avec des broches immenses : ça me rappelle l'enfer.

 

L'état des routes est ici proche de celui de Caracas et de Bogota.

 

Je rentre en taxi et de nouveau, j'ai l'impression d'être dans un manège de la foire aux plaisirs aux Quinconces. Piéton, tu as intérêt à courir vite ; les éclopés que je vois ont peut-être eu tort de traverser au mauvais moment ! C'est une femme, et elle m'entube.

 

7 heures, il fait nuit. Ici, c'est le début de l'automne et la saison la plus chaude, avec un taux d'humidité proche de celui de Cayenne. Un brouillard couvre la ville à cette période, qui s'appelle le Garùa. De plus, je ne raconte pas la pollution. Certains bus ressemblent aux locomotives à vapeur. Il faut dire que le pétrole ici est aussi la première richesse. Quant aux pneus, beaucoup sont aussi lisses que le crâne de Fabius !

 

Le quartier où je suis est plein de résidences avec grilles et lignes haute tension. A côté, l'Université catholique où j'ai été ce matin est un havre de paix : des arbres, des fleurs, des haies, des pelouses nickel. Voilà un projet à proposer à Bordeaux 3 pour le prochain quadriennal, qui donnerait bien du plaisir à tous et aux gens du voyage aussi.

 

Un peu de télé avec le millionnaire ou le maillon faible, comme partout. La mondialisation est aussi culturelle et la bêtise internationale. Coupures de pub toutes les 10 minutes, même sur les infos, et toutes les 5 minutes sur des films à suspense ou d'horreur. Et j'ai entendu une des musiques d'Ardisson ici dans une émission comme générique !

 

Ce mardi, je vais chercher de l'argent, puis à l'Ambassade prendre rendez-vous. Je me balade à pied dans ce quartier San Isidro superbe. Des ambassades, des résidences privées, des institutions catholiques, des églises catholiques évangélistes, des écoles pour américains, des parcs dont un avec des oliviers de plus de 500 ans. Partout des fleurs sur les trottoirs et autour des arbres, des bonnes qui promènent les chiens ou les enfants des riches. Je pars vers la mer ! Et aussi des mac-do, des lewis, des reebock, des cabinets d'avocat et d'agents de change.

 

1 h et demie de marche, il fait lourd mais quand j'approche, je sens l'air marin, puis la fameuse brume. Du haut de la falaise, je vois le Pacifique en bas à 50 mètres. J'aperçois une douzaine de surfers sur des spots misérables de vagues qui durent, mais trop molles. En bas, aussi, une route qui longe la falaise avec des accidents : il y a 2 jours, un gars s'est tué en recevant un caillou dans le pare-brise. Il a perdu le contrôle de son véhicule. La falaise n'est pas grillagée, d'où les chutes de pierre.

 

La couleur de la mer n'est pas terrible, plutôt couleur terre et la plage est constituée de gros galets ronds. Le bord de la falaise n'est pas terrible non plus. Les gens courent, font du vélo ou de la trottinette. Moi je continue à pied et j'arrive à un magnifique marché municipal où j'admire les couleurs et je mange une soupe et du poisson grillé, avec du riz, chez une mémé. La flotte en bas est de plus en plus rouge et la mer forte. Je ne regrette pas et je m'en vais à pied vers un musée.

 

1 heure de marche encore. Le musée Herrera, avec des poteries très anciennes de tribus indigènes (il y en a eu de puissantes bien avant les Incas). Elles montent jusqu'au plafond sur plusieurs rangées, protégées par des baies vitrées. Magnifiques. Sur ces poteries de 20cms, sont représentés toutes sortes de scènes et de personnages et d'animaux en tous genres. C'est tout simplement extraordinaire. Il faudrait des jours pour tout voir. Espantoso ! Des hommes, des prêtres, des femmes, des soldats, des prisonniers dont on voit la quéquette, les mains attachées dans le dos (pour les humilier un peu plus, je suppose). Plus les mythes, les monstres, les malades.

 

Et aussi une salle érotique : le pied. Des personnages qui baisent dans toutes les positions, mais surtout les hommes agrippés derrière les femmes. Des phallus dressés en forme de cruches où l'on boit, des fellations, mais pas de cunnilingus. 2 hommes avec une femme ou 2 femmes avec un homme, des masturbations réciproques et même une femme avec un châtré ! Aussi des malades du sexe, des plaies purulentes et des boutons énormes autour des sexes. C'était aussi leur manière de faire la morale et de mettre en garde.

 

Ensuite je pars à pied direction le Musée de l'Anthropologie, de l'histoire et de l'archéologie, depuis 15.000 ans avant JC.

 

Je rentre en taxi, je suis épuisé, je fais ma chronique et je pars vers un réseau Internet. J'ai pris un gros coup de soleil à travers la brume, car ici aussi la couche d'ozone s'effiloche… Je suis rentré en taxi et le conducteur râle contre tous ces hommes politiques qui se sucrent ! Il a un diplôme de journaliste (universitaire), mais il gagne mieux sa vie comme chauffeur. On lui propose à peu près 1.500 F. par mois comme journaliste. C'est aussi le problème des travailleurs sociaux.

 

Merci pour leurs messages à Lucero Z., à Nita et Jean-Pierre A. et bien sûr à Delphine et Jean-Pierre D.

 

 

Chronique de voyage n° 013 - Lima (Pérou),  le vendredi 1er   mars 2002.

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