Dimanche
26 à Montréal
Hier, temps magnifique. Aujourd'hui en
matinée, pluie et vent. Après-midi, vent, soleil et nuages. Le soir, ciel
bleu. Je m'occupe du net et je vais au cinéma voir "Insomnie", avec Al
Pacino et Robin Williams. Bon suspense qui se passe en Alaska, pas loin
d'ici. Et je prépare mes affaires pour le départ.
Lundi 27, départ de Montréal
Je n'ai pas bien dormi. Jocelyne
Lamoureux me trouve courageux de "repartir au charbon" au lieu de rentrer en
France. Cela fait toujours plaisir à entendre… J'arrive à l'aéroport 2h1/2 à
l'avance, comme recommandé. J'ai un transit à New-York obligé. J'aurais
préféré éviter les USA, non par peur, mais par idéologie.
Pas de problème… sauf que l'avion tombe
en panne ! Impossible de partir ! 2 heures après, on me trouve une place
dans l'avion de Air Canada pour New-York. Je suis le dernier passager pris
"en rabe", et une dizaine restent en cale sèche derrière moi ! Mais vais-je
arriver à temps pour prendre le vol AéroMexico ? Car mon avion se pose à La
Guardia, et mon vol pour le Mexique part de Kennedy Airport ! Je suis donc
contraint de rentrer dans New-York. Je saute dans un taxi et j'arrive ¾
d'heure en avance. Ouf ! Heureusement qu'il était prévu 4 heures de transit
dans la city.
Le chauffeur de taxi, un vieux
porto-ricain, me demande si je suis vraiment convaincu que ma femme
m'attend, là-bas, en France. Celle-là, ce n'est pas la première fois qu'on
me la fait, et surtout les chauffeurs de taxi. Ils sont hispanos et, bien
sûr, machos !
Vol sans problème. Je vois Manhattan, le
pont de Brooklin, La Nouvelle-Orléans, Bâton Rouge (Ah, Gérard Hello, cette
ville nous rappelle le Blues du Sud). Puis les plateformes pétrolières du
Golfe du Mexique et l'arrivée sur Mexico à 20h30. 23°, 20 millions
d'habitants (autant qu'à Sao Paulo), plus de 2.200 mètres d'altitude. La
ville est démentielle, grimpe sur les collines alentour et on voit une
chaîne de montagnes pas loin.
Mon hôtel me semble chouette.
Bonne nouvelle, le directeur du Plateau
Affaires d'Air France à Mérignac, Thierry Bernon, m'autorise à rentrer en
France depuis La Havane et non depuis Caracas.
Mardi 28 mai
Réveil à 6h30 (11h30 en France), à cause
du jour, des voitures et de l'ascenceur qui ronronne fortement. Ici, il faut
mieux se lever tôt, se coucher tôt et faire la sieste.
Je trouve la ville plutôt propre (mais
se déclenche ce jour une grève des services publics, les éboueurs notamment,
les travailleurs du pétrole, les enseignants, jeudi le métro, pour des
raisons de salaire et de conditions de travail), en comparaison aux autres
villes d'Amérique Latine, tout au moins dans les quartiers d'affaires et
chics où j'ai été ce jour (siège de Ferrari, Maserati, Mercedes, BMW et les
grandes compagnies de banque et d'assurances). Nettement moins de mendicité
aussi. Mais dans ces quartiers, le nombre de flics est impressionnant :
policiers, vigiles, gardiens armés avec gilets pare-balles, grandes
matraques et chiens. Un véritable état de siège. Je retrouve là des
situations bien connues en Amérique du Sud, mais avec plus de présence
encore, à chaque coin de rue, tous les 20 ou 50 mètres.
Dans le bureau de Cubanair (l'équivalent
cubain d'Air France), j'avais derrière moi un garde avec un fusil à pompe, à
1 mètre à peine.
J'ai marché ce mardi près de 5 heures
("La solitude du coureur de fond"). En effet, après avoir réglé facilement
mon retour depuis La Havane, j'ai cherché le siège de Cubanair pendant une
heure et demie, car on me faisait tourner, de faux renseignement en fausse
information. Par exemple, confusion chez mes interlocuteurs entre la "Calle
Aristotelès" et la "Calle Temistoclès". Enfin je trouve, mais il fallait
payer en liquide mon billet Guatemala-Cuba. Obligé de repartir pour trouver
un distributeur. J'en fais 5, 8, 12 : impossible, aucun n'accepte la carte
American Express. J'ai fini par aller au Hilton, au bureau de la compagnie
American Express, où j'ai pu obtenir, après maints palabres et appels
téléphoniques, l'argent liquide nécessaire. Retour à Cuban Aire puis à
l'hôtel à pied.
J'ai appelé tous mes contacts, mais je
n'ai eu personne. Il faut que je recommence demain.
Autour de l'hôtel, plusieurs buildings
supportent des plateformes pour hélicoptères : ballet régulier. La ville me
paraît moins polluée qu'ailleurs, mais je mouche, et je ne suis pas le seul.
Il fait chaud (32°), malgré l'altitude, et je fatigue mon cœur assez vite.
Il faut que je reprenne l'habitude de la ville en montagne. A partir de 15
heures, la brume recouvre la ville.
Les nouvelles. L'armée vient d'arrêter le chef
du trafic de cocaïne au Mexique et Amnisty International dénonce dans son
rapport les pratiques peu orthodoxes et violentes de la police mexicaine.
Comme je l'avais pressenti avec d'autres, il y a 3 mois, l'ultra-libéral
Uribe (qui a quitté le parti libéral colombien) a été élu Président de la
République au premier tour. Il promet une guerre sans merci à la guérilla.
On peut prévoir quelques centaines ou milliers de morts encore à venir.
A la télé, j'entraperçois un animateur
"comique" qui, sur la place principale de Mexico (là où quelques heures
après des enseignants vont tenter de forcer les portes de la Présidence),
fait manger une sauce apparemment "dégueulasse" à des volontaires avides
d'argent pris au hasard. Il porte le même passe-montagne que celui du
sous-commandant Marcos : la télé ne doute de rien.
Mercredi 29.
Je fais ma chronique et prends mes
rendez-vous : j'en ai un pour cet après-midi et un pour demain. Par contre,
le principal sociologue de la culture et de la vie politique d'ici, Canclini,
est à Paris et il rentre le lendemain de mon départ…
Merci pour leurs messages à Brunner à
Caracas, Monnet à Mexico, Coppola en Argentine, J.P. Descamps, Armando Rama
à Cuba, Bernard Séguier.
Réflexion du jour
:
"Et
quel meilleur terrain que le travail pour guérir ses blessures narcissiques
et stabiliser l'image de soi ? En effet, contrairement à l'échange amoureux,
qui est le domaine de l'excès, du tout ou rien, le travail est, par
excellence, le domaine du relatif, de l'effort patient, de la réussite
partielle ; il permet la construction progressive de compromis solides entre
les prétentions subjectives de l'individu et le regard objectivant des
autres." Bernard PERRET.
|


















|