
Chavès

la pyramide du soleil

Quetzalcóatl
les Dieux Aztèques



















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Dimanche 2,
Mexico
La bourse de
Mexico ne cesse de baisser, ainsi que le peso face au dollar. Les impôts sur
le tabac vont augmenter de 100%. A Cuba,
Fidel a fait un discours depuis la
capitale de sa province d'origine, imperturbable sous la pluie, devant
250.000 personnes, pour dire que contrairement aux gouvernements corrompus
des USA et d'Amérique Latine, aucun dirigeant cubain ne se met de l'argent
dans la poche, ou sur un compte à l'étranger. Voilà pour lui le signe d'une
vraie démocratie, face aux tripatouillages inhérents au capitalisme et au
néo-libéralisme.
Ce matin, je
visite avec un groupe (2 vénézuéliennes dont ni le cœur, ni la raison ne
penchent du côté de
Chavès, un colombien qui a voté
Uribe, préférant "une
vraie guerre qui dit son nom à une fausse paix qui ressemble à une guerre
qui ne dit pas son vrai nom", et 2 anglais isolés car ne parlant pas
espagnol), en compagnie d'un guide dynamique et plein d'humour, le site de
Teotihuacàn, avec ses pyramides.
Pour y aller,
nous passons devant les 140 "ciudades perdidas" (équivalent des favelas) du
nord de la ville. Zone de cahute, bicoques, toutes sauvages ou presque, de
vrais bidonvilles en désordre urbanistique, entre l'autoroute et les usines,
parfois rongeant les collines, parfois s'étalant sur le plat. Il y aurait là
5 millions de personnes et le guide pense que Mexico dépasse les 22 millions
d'habitants. Les ordures traînent partout, avec les meutes de chiens jaunes
errants.
De temps en
temps, des habitations collectives privées plus riantes, d'un étage, mais
alors tout est entouré d'un mur de 3 mètres prolongé d'un grillage de 1
mètre. La protection maximum, comme au péage où il est interdit de descendre
de voiture, sinon tu risques de te faire bouffer par des molosses protégeant
les guérites. Puis la campagne très sèche, avec des cactus et, de temps en
temps, du maïs.

La pyramide de la Lune à Teotihuacàn
Teotihuacàn a
vécu comme cité de 400 ans avant JC jusqu'après 850 après JC. Rappelons que
les espagnols arrivent au Mexique en 1519 et qu'ils ont imposé, avec Cortès,
300 ans d'occupation. Cette ville serait celle où les dieux se réunirent
pour créer le soleil et la lune (d'où les noms des 2 pyramides), mais en
réalité, on ne sait vraiment ni comme elle s'appelait, ni comme cela
s'écrivait. A l'époque, il y avait 5 lacs, dont un salé. C'est le site le
plus important d'Amérique Latine, absolument somptueux, le plus grand centre
religieux, puis commercial, politique et militaire. Il fait 21Kms², plus
important que la Rome antique, avec 210.000 habitants. Plus de 1.000
archéologues travaillent sur ce site énorme avec des fonds de l'UNESCO.
On y reste
environ 3 heures, puis retour vers Mexico à Nuestra Señora de Guadalupe, qui
apparut à un jeune paysan, lieu reconnu comme site de miracles par l'Eglise
en 1573. 17 à 20 millions de touristes et pèlerins chaque année, avec un
joyeux bordel entre la basilique ancienne (qui s'est affaissée de 8 mètres
car la ville est construite sur des zones de marécage) et l'autre, plus
moderne, où l'on passe, derrière l'autel, devant le portrait de la Vierge
sur un tapis roulant pour faciliter l'écoulement. Des messes ou prières de
façon quasi permanente, dans un mélange de rites catholiques et de
traditions populaires héritées des aztèques. C'est le plus imposant site en
langue espagnole consacré à la Vierge. Jean-Paul II y est venu 4 fois, et
vient une cinquième en juillet. N'ayant pas d'argent pour lui élever une
statue, les mexicains ont déposé les clefs dont ils ne servaient plus :
elles ont été fondues et une statue de métal de 4 à 5 mètres domine
l'esplanade entre les deux basiliques.
Lundi 3 juin,
toujours à Mexico
Menace de grève
à la télé et à la radio, alors que le Mexique vient de gagner son premier
match. Les aficionados tempêtent…
Le crédit est
désormais plus cher au Mexique, et, au Canada, c'est le bordel politicien :
2 ministres des finances en 10 jours !
20 paysans se
sont entretués, dans une province du Mexique, pour une querelle de limites
de terres. Le gouvernement penche plutôt pour une querelle liée au
narcotrafic. La femme de Chavès demande le divorce ; la lutte des
enseignants protestataires continue ; la guerre a repris de façon intensive
en Colombie ; et le Brésil est le premier pays au monde pour le nombre de
voitures blindées (400 par mois), puis vient le Mexique (170) et la Colombie
(150). Cuba commence à accepter l'Euro, le gouvernement se félicitant que
cette monnaie dispute la suprématie du dollar. Les ventes en exportation
chiliennes sont en baisse pour 2001 (cuivre, fruits, vins). Près de 30% de
la population active chilienne travaille dans l'économie informelle, ce qui
représente près de 13% du PIB. La crise argentine coûte 470 millions de
dollars à l'Uruguay par la faute de la baisse des exportations de Montevideo
(perte sur les 4 premiers mois de 2002 de 70%).
Je pars un peu
plus de 3 heures à pied, après avoir échangé l'argent qui me reste contre des
dollars et réservé 5 nuits à Cuba. Je vais vers le monument dédié à la
Révolution, Panthéon des révolutionnaires mexicains, dont, sur 6, 4 ont été
assassinés (dont Pancho Villa). Je tombe sur une manifestation de retraités
des services publics, protestant contre le fait que le gouvernement diminue
leurs pensions. Je continue et arrive devant une nouvelle manif.
d'enseignants car la négociation a fait chou blanc. Ca se durcit :
ils
traitent le Président de menteur et la ministre de l'éducation de
"couleuvre". Elle était dans les anciens gouvernements du PRI et elle est
accusée de complicité avec la bureaucratie syndicale, qui a trahi l'école
publique ; on l'accuse même de complicité de meurtre d'un militant (Acosta).

Je pars ensuite
vers le monument à la gloire de Bolivar, celui à la gloire de San Martin,
puis vers la place Garibaldi, consacrée elles aux Mariachis, avec
restaurants musicaux et statues sur socles, dont celle du créateur du "Cucurrucu
Paloma" (Sosa). Ensuite, je me promène dans les rues derrière le Zocalo,
encore plus commerçantes et bruyantes que celles de Caracas. Ca grouille, ça
crie, ça piétine, ça mange debout dans la rue des "tortas" (galettes de maïs
avec viande ou légumes à l'intérieur). Je vais visiter 3 ou 4 églises, très
baroques et chargées d'or, puis je vais manger à la Casa Popular, restaurant
mexicain indiqué lui aussi par Josée de Montréal.
Je rentre à
l'hôtel et à 16 heures, je pars vers l'aéroport. Il faut que j'y sois 3
heures avant le départ ! L'attente est longue et l'arrivée à 22h30, heure
locale de Guatemala-Ciudad. Je prends de l'argent et avec un taxi, j'arrive à l'hôtel, fermé par
un immense portail de métal. Il y a une piscine et un très beau jardin, mais
il fait frais car il a plu. Je m'endors à minuit.
Mardi 4 juin,
Guatemala-Ciudad
J'ai une belle
chambre et une salle de bains confortable et neuve. Mais à 4h30, un avion
passe au dessus de l'hôtel. Comme à Mérignac, c'est toute la ville qui est
sur la trajectoire de l'aéroport. Il faudra que je me couche tôt, mais on se
fait au bruit, et il n'y en pas des tonnes…
La ville fait
2,6 millions d'habitants sur 12 dans le pays, et elle est à 1.500 mètres
d'altitude.
Hier à Mexico,
j'ai vu plusieurs camionnettes pleines de paysans armés de machettes.
J'apprends aujourd'hui qu'ils ont fait le siège du palais présidentiel pour
réclamer la libération d'environ 12 des leurs, arrêtés après les assassinats
dont j'ai déjà parlé hier.
Ici aussi des
personnes circulent avec la machette en bandoulière ou sur le côté. Des
paysans, je suppose. Je remarque aussi que nombre de femmes portent le
costume traditionnel.
Quelques
nouvelles : Jean-Paul II va venir ici pour la 3ème fois en juillet. Il est
question de doubler les impôts (je préviens les mécréants qu'il n'y a pas de
relation de cause à effet). El Periodico titre : "Chavès sans épouse,
mais avec la révolution !". Sa femme le quitterait pour des raisons
politiques. Cuba décide d'augmenter les prix des produits importés de 10 à
30% : le pétrole va y passer aussi, car les 30% de sa consommation fournis
par le Venezuela ne suffisent pas et comme le dollar monte… Des jeunes, en
République Dominicaine, sont accusés de rites sataniques qui les ont amenés
à torturer, brûler et tuer plusieurs personnes dans des cérémonies macabres.
Après avoir pris
mes rendez-vous, je vais à pied ce matin jusqu'à l'Office du Tourisme situé
sur un immense axe nord-sud qui traverse la ville autour duquel elle s'est
agrandie peu à peu. Puis je prends un bus et vais vers le centre historique.
En descendant, le conducteur n'attend pas et s'en va. Je me cogne violemment
le coude. Les bus sont aussi nombreux et polluants et aussi vieux qu'à Lima,
mais ils sont plus gros. Je vais au marché central, qui a plusieurs étages
où l'on trouve de tout, en particulier des fruits superbes : ananas,
mangues, pêches, grenades, pastèques, melons, raisins, pommes, poires,
fruits de la passion, cerises, prunes, fraises, bananes, etc. La tomate est
0,80 F le kilo. Puis je visite la cathédrale, ors et marbres, en particulier
l'autel recouvert d'un dôme de marbre et piliers de la même matière. Puis,
après avoir traversé la place du centre historique, je me dirige vers le
parc Minerve, au nord, où il existe une carte en relief du Guatemala sur un
rayon d'environ 30 mètres. Original, on peut monter sur 2 guérites pour
dominer l'ensemble. Le pays est entre ces 2 océans, à 2/3 montagneux, avec
des volcans à 4.000 mètres. En y allant, j'ai remarqué ici aussi des
résidences bien protégées (barbelés et haute tension) qui contrastent avec
l'absence de luxe du centre historique de la ville et des passants que l'on sent populaires
ou travailleurs de misère. Les indiens sont dans l'ensemble plutôt petits et
trapus, mais les femmes jeunes ont des visages de poupée.
Il y a des
secteurs que l'Office du Tourisme m'a demandé d'éviter, notamment ces lieux
d'agression préférés que sont les gares d'autobus.
Je retourne en
bus et descends devant la porte du palais présidentiel recouverte
d'affiches, de slogans, de banderoles contre le néo-libéralisme,
l'impérialisme yankee, le gouvernement. Il s'agit des ouvriers d'une
entreprise étrangère qui les exploite de trop, à leur goût. Je vois même une
banderole de soutien de travailleurs canadiens. L'entreprise est peut-être
de là-bas. Des vieux que j'interroge me disent que les manifestants sont
partis manger. Il y a par contre plusieurs membres de la police militaire.
Puis je visite
le patio intérieur du Tribunal Suprême électoral (à voir avec ses
décorations de peinture et piliers en bois) et je prolonge par celle du
Palais national, palais aussi de la culture avec des fresques murales sur la
Conquista, la vie des indiens avant et une qui représente Don Quijote et
Sancho. Le conquistador local s'appelle Acevedo, que l'on voit guerroyant
contre les indiens. Une exposition de peintures est aussi ouverte. J'y
trouve une trentaine de bambins d'une école. Il y a notamment un tableau qui
représente un gorille immense tenant dans ses bras un jeune homme. Le singe
porte la calotte d'un évêque et, devant lui, un groupe de curés défile, avec
un diable en perspective. Le tableau s'appelle tout simplement : "Pederastas",
sur fond de buildings américains, et fait sourire beaucoup le monde. On
devrait l'offrir à Jean-Paul II.
Je mange au
marché pour 12F (un morceau de poulet, du riz et une bière). Je rentre en
bus et discute avec un jeune de 25 ans au chômage, comme beaucoup dans ce
pays. Il faut dire que la guerre civile a duré longtemps et que la paix n'a
été signée qu'en 1996. Il faut du temps pour reconstruire un pays à genoux.
18h30. Il se met
à faire nuit. Demain, à 5h30, il fera jour.
A la télé
mexicaine "Azteca", on fait un sondage en direct pour savoir quelle peine
infliger à un séquestrateur : 50 ans de prison, la perpétuité ou la peine de
mort. 70% demandent la peine capitale. Autres chiffres : enquête de l'UNAM
(Université publique) dans les écoles secondaires. Plus de 80% ont vu des
actes délictueux à l'école et plus de 73% des armes, toujours à l'école. A
Caracas, une nouvelle conférence de presse de militaires gradés demande que
le gouvernement cesse sa politique, et en particulier d'armer ses partisans.
En Colombie, bagarres entre grenades lacrymogènes (les flics) et cocktails
Molotov (étudiants opposés au nouveau pouvoir). En Uruguay, le Président
s'excuse publiquement à la télévision en présence du Président Duhalde
d'Argentine pour les accusations erronées qu'il a portées quelques jours plus
tôt contre le gouvernement argentin, sa corruption et son incapacité. Tragediante, comediante !!
J'entends une
très belle chanson de Renaud : "Docteur Renaud, Mister Renard"
(note de DD&JPD, les webmasterss
: le site,
super !...le
clip, génial !). Ca me fait
plaisir de le voir revenir et d'entendre la belle guitare qui l'accompagne.
Mercredi 5 juin
Temps couvert,
28°. Je fais ma chronique avec beaucoup de problèmes, au point que la
directrice de l'hôtel, que je remercie ici, m'a prêté son bureau et son
appareil personnel pendant 2 heures pour que j'y arrive.
(site Web de l'hôtel :
www.hotelplazaguatemala.com)
J'ai un contact
téléphonique avec un collègue qui part au Mexique.
Quelques autres
nouvelles. Toute la presse fait ses titres sur Zidane. Le vice-ministre de
la justice est accusé de corruption (notamment trafic de voitures). Des
bandes de truands se massacrent pour le contrôle de trafics de drogue. Au
Guatemala, l'un est accusé de 53 assassinats. Le cours du café s'effondre,
exportation essentielle du Guatemala. Le Salvador a adopté le dollar comme
monnaie nationale le 1er janvier 2002, prenant la suite de
l'Equateur. Et pendant ce temps, à New York, les personnes en dessous du
seuil de pauvreté sont passées de 13 à 14,6% de la population…
Je remercie
pour leurs messages : J. Dubosc, C. Reginensi, W. Malavelle, P. Pommier,
J.P. Descamps, M. Brunner à Caracas, J. Fougère, Cleisa au Brésil, J. Murga
au Guatemala.
Pensée du jour
: "Le fait que l'homme est capable d'action signifie que, de sa part, on
peut s'attendre à de l'inattendu, qu'il est en mesure d'accomplir ce qui est
hautement improbable." Hannah Arendt.
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Teotihuacàn
(la vallée des dieux)
















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