Quito (Equateur), le mardi 19 février,
18h30.
L'avion se pose à Quito le dimanche à
17h30, avec 10 minutes d'avance (n'est-ce pas, Air France ?). L'Equateur, 11
millions d'habitants, dont 2 à Quito. La ville est étendue aux pieds des
montagnes : elle est à 2.800 m d'altitude et elle grimpe vers les montagnes
proches, qui sont à 3.200 mètres environ. Il y a aussi un volcan à 4.800 m
mais je ne l'ai pas encore vu. Il faut du recul et pas de nuage.
Ici la monnaie officielle, c'est le
dollar US : leur monnaie, le sucre, n'existe plus depuis l'année 2000. Le
taxi me dépose devant un très chouette hôtel style reconstitution de maison
coloniale. 25 dollars la nuit, petit déjeuner compris. J'ai une chambre avec
2 lits à 2 places. En bas, dans la rue, veille un vigile avec un pistolet
mitrailleur. En face de moi, sur le mur, j'ai un triptyque avec 2 anges qui
veillent sur moi et me protègent des tentations nocturnes. Le problème,
c'est que dans ce quartier universitaire et de bourges, il y a aussi un
chien qui aboie : Bon Dieu, que le vigile fasse quelque chose !
Le lundi, après une visite à l'Unesco,
qui a organisé mon séjour, je rencontre le vice-ministre chargé de la
culture. Il me dit qu'il existe quelques courtes formations de volontaires
animateurs culturels travaillant dans lez zones rurales et les quartiers
populaires. Il me parle français et sa secrétaire a une réelle nostalgie de
Parisss.
Je me promène et je vois ici aussi
beaucoup de flics et de vigiles (mais pas de soldats). De retour à l'hôtel,
je change de chambre. Adieu le triptyque, mais j'entends des oiseaux :
comment font-ils pour résister à la pollution de ces putains de bus ?
Je ressors ; je vois beaucoup de bonnes
sœurs et beaucoup d'institutions catholiques : l'église a à coup sûr une
influence déterminante ici. Les indiens sont présents partout (purs ou
mélangés), avec le cheveu, les yeux noirs et la peau fortement cuivrée. Je
vois une indienne avec sa jupe colorée longue (et elle, elle est petite) et
son gamin accroché dans le dos : elle pousse une carriole où elle expose des
fruits à vendre. La ville me paraît relativement propre. Des banques, des
compagnies d'assurances et des hôtels somptueux. Des guérites ici et là,
mais personne dedans. Lundi, il fait chaud : 20 ou 21 degrés. Le ciel est
souvent couvert et c'est étonnant de voir d'énormes palmiers à cette
hauteur. C'est le climat tropical.
J'ai beaucoup dormi de dimanche à lundi,
mais le chien a aboyé et fait un concert de blues avec deux autres. Et j'ai
été réveillé en sursaut : dans une école à côté, salut aux couleurs et hymne
national avec 3.000 watts dans les oreilles du Gillet qui saute du lit et se
met au garde à vous ! La techno, à côté, c'est de la gnognotte.
L'après-midi, je vais dans une ONG
acheter un CDRom pour un collègue sociologue de Caracas et je discute avec
des responsables de leur orientation de travail sur la édu-communication ;
puis je vais au Ministère du Tourisme chercher de la documentation que je
lis le soir. Ce pays est magnifique et mérite un long séjour. Galapagos,
côte pacifique, Andes et volcans en activité, Amazonie, etc., c'est superbe.
Ils font un gros effort de parcs naturels à thème sur le tourisme, ainsi que
dans le champ des activités de découverte physique, et enfin sur
l'hôtellerie. Puis je cherche une compagnie d'aviation. Je sais qu'il faut
traverser un parc pour y arriver : il s'appelle la Carolina et il y a
beaucoup de terrains sportifs de toutes sortes, jeunes et moins jeunes
participent. Moi aussi, 2 heures 1/2 de marche dont une demi-heure
d'errance, comme d'habitude, car beaucoup de personnes disent savoir mais ne
savent pas, et par exemple, je m'aperçois que beaucoup de vigiles et de
gardes ne savent pas lire. Des amoureux dans l'herbe, des couples qui se
promènent, mais on me dit aussi que le soir, il ne faut pas s'aventurer seul
; on le dit bien des Quinconces, à Bordeaux…
Je vois que Chavès a de nouveaux
problèmes : un amiral de la flotte a pris position publiquement contre lui !
Au Pérou, il y a une grève de la faim de prisonniers politiques, je suppose
ex-guérilleros qui protestent contre leurs conditions de détention ; le
gouvernement les considère comme des criminels de droit commun et des
terroristes.
J'ai vu aussi ce matin de longues files
devant les banques : des personnes qui vont chercher de l'argent, me dis-je.
J'apprends aussi qu'il y a une très forte émigration clandestine
d'équatoriens vers les USA (par bateau) et vers l'Espagne, avec des visas de
tourisme. J'ai vu à la télé espagnole une manifestation d'équatoriens demandant leur
légalisation.
Jusqu'à maintenant, on me parle peu
d'animation, mais aussi très peu de développement : ce sont les mots
éducation, citoyenneté, démocratie participative, culture, communication.
Mardi un cubain de l'Unesco m'accompagne
à l'Université catholique où je rencontre les responsables du secteur
culturel, puis ceux du travail social de la même université (avec la
présence de celle de Guyaquil, autre ville importante de l'Ecuador). Puis
l'après-midi, de l'Université centrale de Quito (Ecole de travail social).
Ils ont du mal à comprendre notre système diversifié de professions et le
fait qu'elles ne dépendant pas toutes de l'Université.
Je vais manger dans un restaurant
populaire pour 8 francs. Il y a là des lycéens, des gens du peuple. Je mange
une soupe avec beaucoup d’herbes, du poisson, du yucca frit, des
carottes, puis 2 bouchées de foie avec du riz et 3 morceaux de papaye, avec
un jus d’ananas.
La télé diffuse une télé-novela : un
curé confesse une femme de ses fautes (alors que je viens de lire que 80%
des femmes subissent des violences). La télé est placée sur un frigo de 2
mètres et sur une armoire, à côté, sont collées 3 photos de femmes à poil,
style camionneur, avec des seins en obus. Au-dessus il y a une peinture de
40 cms de haut sur 30 de large avec un christ inspiré et un sacré-cœur
étincelant ! Ce sont les enfants qui servent et leur mère, je suppose, qui
fait la cuisine. Ainsi va la vie et la culture.
Pensée du jour : « le philosophe
construit un palais d’idées et il habite dans une chaumière »,
Kirkegaard. |
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